Assainissement des murs en pierres sèches
Les murs en pierres sèches sont de magnifiques éléments structurant le paysage et sont des habitats précieux pour les plantes et les animaux. Encore mieux, une tendance à la construction et à la rénovation des murs en pierres sèches a été initiée. Cependant, la restauration d’un mur existant doit être bien réfléchie: elle comporte le risque que des habitats uniques, par exemple pour les reptiles, soient perdus pour longtemps. Un plaidoyer pour avoir le courage de conserver du désordre.
Depuis quelques années, la Suisse connaît un véritable renouveau en faveur des murs en pierres sèches: la valeur culturelle, historique et écologique de ces éléments du paysage traditionnel a été portée à l'attention du public. Partout dans le pays, des murs en pierres sèches sont construits ou réparés dans le cadre de projets très divers.
En bref: murs en pierres sèches
Les murs en pierres sèches sont des ouvrages de maçonnerie en pierres naturelles, qui sont construits sans mortier (« à sec »). Ils ont traditionnellement été utilisés dans le paysage comme limite entre les pâturages, comme murs de soutènement sur les pentes et dans la construction de maison. L'une des caractéristiques remarquables des murs en pierres sèches est leur stabilité et leur élasticité, par exemple avec des mouvements du sol ou des changements de température. En 2019, la construction des murs en pierres sèches a été incluse dans la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO.
Mur de soutènement au bord d'une prairie extensive (© Andreas Meyer)
Ancien mur en pierres sèches structurellement varié le long d'un chemin forestier (© Andreas Meyer)
La construction de ces murs en pierres sèches, qui sont construits avec un savoir-faire particulier et souvent avec beaucoup de sueur, n'est pas seulement d'une grande valeur en termes d'esthétique du paysage et d’histoire régionale, mais aussi en tant qu'habitat pour toute une série d'espèces animales et végétales. Les murs de pierres sèches servent de quartiers d'hiver, d'abri, de terrasse ensoleillée et souvent de source de nourriture pour les reptiles prioritairement, mais aussi pour les amphibiens. La plupart des espèces de reptiles y pondent leurs œufs sous des dalles adéquates. Les murs en pierres sèches créent essentiellement des habitats artificiels - des habitats de substitution aux habitats naturels détruits par l'homme.
Cependant, il faut des décennies avant qu'un mur en pierres sèches n'atteigne cette valeur. Seul le lézard des murailles colonise immédiatement les nouveaux murs. Mais ce n'est que lorsque le mur de pierres sèches présente des cavités - causées par les variations climatiques et autres - et qu'il y a une certaine quantité de couverture végétale au pied et au sommet ce celui-ci, qu'il devient intéressant pour des espèces plus exigeantes comme les serpents.
Lézard agile prenant un bain de soleil sur un mur de pierres sèches (© Petra Graf)
Vipère aspic au pied d'un mur présentant de nombreux interstices (© Andreas Meyer)
Cela est d'autant plus dévastateur pour les animaux qui ont choisi un mur de pierres sèches comme habitat lorsque ce mur est démoli et reconstruit. Non seulement les animaux sont tués par les travaux de rénovation, mais l'habitat est aussi directement détruit - il n'y a généralement pas de lieu de repli où les animaux dérangés peuvent se réfugier. Un nouveau mur est généralement construit de telle manière qu'il n'y a pratiquement pas d’interstices et certainement pas recouvert par de la végétation ou du bois mort. Si les murs en pierres sèches sont rénovés sur des régions entières, c'est tout un réseau de structures d'habitat qui risque de disparaître!
Bien sûr, dans certains cas, une restauration complète est nécessaire, par exemple lorsqu'un mur de pierres sèches ne peut plus garantir sa fonction de soutien dans un vignoble ou lorsqu'un mur au bord d'une route menace de s'effondrer. Dans de nombreux cas, cependant, une démolition complète et une nouvelle reconstruction devraient être reconsidérées ; les fonds disponibles pour la conservation de la nature pourraient plutôt être utilisés pour la création d’un nouveau mur en pierres sèches près de l'ancien ou pour un entretien quasi naturel des environs du mur.
Avant : Ancien mur en pierres sèches, pour lequel une restauration par étapes est prévue. Le mur a une immense valeur écologique pour de nombreux groupes d'espèces différents. Entre autres, la bordure de hautes herbes au pied et sur le haut du mur est idéale (© Florin Rutschmann)
Après (depuis une perspective différente, le grand chêne se trouve sur le côté droit de la photo précédente) : Une partie de l'ancien mur a heureusement pu être préservée. De même, une petite partie de l'ancien mur de pierre sèche a pu être réutilisée vers le chêne. La partie restaurée n'aura une valeur similaire pour les reptiles et les autres espèces que dans de nombreuses années (© Florin Rutschmann)
Assainissement respectueux des reptiles
Ainsi, si les aspects de conservation de la nature sont mis en avant dans le cadre d’un ancien mur de pierres sèches, il convient de se demander une fois encore : la restauration est-elle vraiment nécessaire ? Une nouvelle construction ailleurs ne serait-elle pas le meilleur choix?
Si la décision est prise en faveur d'une restauration, il existe les possibilités suivantes pour l’effectuer de manière compatible :
- Restauration si possible en dehors des mois d'hiver (perturbation des animaux pendant leur hivernation)
- Ne rénover qu'une partie du mur, lorsque la rénovation sur l’entier n’est pas totalement nécessaire
- Rénovation échelonnée sur plusieurs années : durant la première année, seule une partie du mur est rénovée ; accumuler et laisser le vieux matériau pierreux directement à côté du mur, permettre à la végétation de repousser
- Prévoir délibérément des interstices dans le nouveau mur de pierres sèches servant comme abri
- Placez des tas de branches à côté ou devant le nouveau mur, ou empilez les pierres restantes
- Même après la construction du nouveau mur, laissez une bordure de végétation d'au moins 50 centimètres devant le mur, également sur la partie supérieure du mur
- Permettre à la végétation de pousser sur le mur de pierres sèches, à condition que cela n'ait pas d'effet négatif sur la maçonnerie (système racinaire)
- Très important : ne pas transformer en murs de pierres sèches les soi-disant murets de pierres qui n’étaient en fait que des remblais ou des tas de pierres et qui n’ont en fait jamais été des murs de pierres sèches
Pour plus d'informations, consultez notre publication sur l’assainissement des murs en pierres sèches (à télécharger ci-dessous).
Mur en pierres sèches récemment construit dans un jardin (© Franziska Witschi)
Les interstices délibérément planifiés augmentent la valeur écologique d'un nouveau mur (© Franziska Witschi)
Entretien
Un mur en pierres sèches a besoin d'entretien. Si cela est fait régulièrement, il faut beaucoup plus de temps pour qu'un mur soit tellement envahi par les racines ou en danger d'effondrement qu'il doive être complètement démoli et reconstruit.
Il faut espérer que l’intérêt pour les murs en pierres sèches reste la même, mais que la perception de ce qui tombe en ruine, de ce qui est désordonné et de ce qui est envahi par la végétation augmente également. Un mur de pierres sèches partiellement effondré, qui forme finalement une bande chaotique de buissons, d'îlots d'herbes et d’herbes sèches, de pierres et de construction, est d'une immense valeur du point de vue de la protection de la nature. Laissons les murs en pierres sèches le plus longtemps possible et prenons-en soin en douceur - les reptiles et de nombreux autres groupes d'espèces nous en remercieront.
Qui peut trouver le serpent ? Une Couleuvre à collier helvétique dans un mur de l'Oberland bernois, été 2020 (© Andreas Meyer)
Référence bibliographique
Trockenmauern – Grundlagen, Bauanleitung, Bedeutung. Stiftung Umwelteinsatz Schweiz (Hrsg.), Haupt Verlag Bern, 2014.
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