Un serpent dans votre jardin ? Voici quoi faire
Info fauna karch reçoit régulièrement des appels de citoyens qui ont aperçu un serpent dans leur jardin et ne savent quoi faire. Localement, les serpents peuvent se répandre dans les agglomérations, parce qu’ils s’y sentent bien et y trouvent de meilleurs biotopes pour accomplir leur cycle que sur le reste du territoire souvent trop « propre en ordre ». Dans la plupart des cas, il s’agit souvent de couleuvres à collier, parfaitement inoffensives. Le mieux que l’on puisse faire pour elles : rien !
Un serpent visite votre jardin...
Les serpents au jardin sont-ils dangereux ?
Presque toutes les observations de serpents dans les jardins du Plateau suisse concernent la couleuvre à collier ; aucun doute possible lorsque le serpent nage dans l’étang du jardin. Les couleuvres à collier sont totalement inoffensives et ne mordent jamais – même quand on les touche par hasard, par exemple en jardinant ou en se baignant. De plus, les serpents évitent au maximum les rencontres avec les humains. Ils ne cherchent pas le contact et filent généralement se cacher dès qu’ils nous ont aperçus.
Pourquoi trouve-t-on des serpents au jardin ?
Pour beaucoup de gens, les serpents et les autres animaux sauvages n’ont rien à faire dans une agglomération, a fortiori dans un jardin privé. Il n’est donc pas rare que les serpents soient capturés et ensuite relâchés dans une réserve naturelle ou en lisière de forêt, y compris par les garde-faunes ou les policiers appelés à la rescousse et animés des meilleures intentions. Mais cette belle idée nuit en réalité aux animaux et ne sert pas à grand-chose.
Les couleuvres à collier qu’on trouve dans son jardin ne s’y sont pas égarées, elles y ont délibérément élu domicile temporairement. Elles trouvent souvent de meilleures conditions de vie dans les villes et villages qu’à la campagne, où les structures ont largement disparu. En particulier, les jardins proches de l’état naturel leur offrent des biotopes très précieux : tas de compost pour la ponte et comme source de nourriture, étangs de jardin accueillant amphibiens, larves ou poissons dont elles se nourrissent également, murs de pierres sèches, murgiers, petits buissons et piles de bois qui leur servent d’abri.
Les couleuvres à collier montrent une tendance à l’expansion dans la zone construite. Elles y parviennent naturellement – et ce malgré le danger que représentent les chats, le trafic routier, les sauts-de-loup près des maisons et autres pièges. Lorsque les conditions s’y prêtent, les couleuvres à collier vivent même au beau milieu des villes, comme c’est le cas au Jardin botanique de Berne.
En conséquence, la conduite à tenir si l’on trouve un serpent dans son jardin est, dans la mesure du possible, de laisser l’animal tranquille, sauf bien sûr s’il est pris au piège. Dans ce cas, il faut d’abord s’assurer que le serpent soit bien une couleuvre (ici pour plus de détail concernant la différenciation entre les Couleuvres et les Vipères), le capturer délicatement et si possible le relâcher aux environs immédiats (maximum 100m de distance).
Quelle est la durée d’une visite?
La plupart des jardins sont trop exigus pour qu’un serpent s’y établisse. Les couleuvres à collier, très mobiles, ne restent en général que quelques jours dans nos jardins – à savoir tant qu’elles y trouvent facilement à manger. Les proies qu’offre un étang sont principalement des grenouilles, des tritons, leurs larves, ou des poissons, mais les couleuvres ne le vident pas ; elles se remettent en vadrouille assez rapidement. Les femelles gestantes choisissent de temps à autre un tas de compost pour y pondre, mais elles repartent aussi quelques jours plus tard, de même que les juvéniles fraîchement éclos. Beaucoup de propriétaires de jardin signalent la visite unique d’une seule couleuvre.
Les visites de serpents sont plus fréquentes si le jardin fait partie d’un réseau de biotopes, au bord d’un lac ou d’un cours d’eau, le long d’une lisière ou à côté d’une ligne de chemin de fer. Pour peu qu’il soit proche de l’état naturel, le jardin fait alors partie d’un habitat plus grand, et il est exploré relativement souvent par les couleuvres à collier en quête de proies.
Que faire si j’ai peur et que je souhaite absolument me débarrasser du serpent ?
La visite d’un serpent dans son jardin signifie que l’espace est proche de l’état naturel, elle peut donc être considérée comme un compliment ! Mais si vous êtes très mal à l’aise à l’idée d’un serpent dans votre jardin, vous pouvez le faire capturer et le faire emmener ailleurs par un-e spécialiste. Pour cela, prenez contact avec le ou la correspondant-e régional-e du karch.
Sachez cependant que relâcher un serpent près du lieu où on l’a trouvé est inefficace, car ces animaux ont un réflexe de homing, à savoir qu’ils cherchent rapidement à retourner là où on les a capturés. Si on les libère plus loin, ils sont complètement désorientés, et la probabilité est grande qu’ils ne survivent pas à ce transfert. Cela n’est donc optimal d’amener un serpent dans un « meilleur endroit ». Selon plusieurs études, les serpents déplacés ne savent plus se repérer une fois transférés et subissent une mortalité accrue (on l’observe aussi lors des gros chantiers dans lesquels on déplace des populations entières de serpents : même manipulés de manière optimale, une minorité survit dans le nouvel endroit).
Qui veut s’assurer de ne voir aucun serpent choisir son jardin renoncera aux structures proches de l’état naturel tel que piles de bois, grands tas de compost, coins laissés à l’abandon, murs de pierres sèches, murgiers et même étangs – en résumé à toutes les structures qui offrent nourriture, abri ou site de ponte aux serpents.
Les répulsifs chimiques qui sont parfois proposés ne fonctionnent généralement pas.
Quelle est la probabilité qu’un serpent venimeux séjourne dans notre jardin ?
Nos deux espèces indigènes de serpents venimeux – la vipère aspic et la vipère péliade – sont uniquement présentes dans le bassin du Rhône et le long du Jura. Les animaux échappés de terrarium sont, eux aussi, extrêmement rares. Sur le Plateau, c’est majoritairement la couleuvre à collier que l’on rencontre dans son jardin. Il n’est d’ailleurs pas rare que les individus de cette espèce soient entièrement noirs. Ainsi, observer un serpent noir dans votre jardin ne signifie donc pas que vous êtes en présence d’une vipère mélanique – crainte qu’on entend parfois.
L’aire de répartition principale des serpents venimeux indigènes se situe sur les versants ensoleillés du Jura et des Alpes. Même là, ils ne sont présents que localement – ce qui n’exclut pas qu’un individu puisse trouver le chemin d’un jardin dans ces régions.